Vous êtes dans la rubrique Actualités
Vers Parcours
Vers Galeries
Vers Echanges
Vers Bonus
© patrickazam.fr
Retour au sommaire
Actualités
THEATRE
Page précédente
ACTEUR
Contact
Télécharger CV Photo
"MA MERE QUI CHANTAIT SUR UN PHARE"
De Gilles Granouillet mise en scène François Rancillac

Marzeille et Perpignan (13 et 10 ans) découvrent ce matin‐là que leur mère a encore crisé : grimpée au sommet du phare, elle chante à tue‐tête sa douleur face à l’océan, ivre et dépoilée, zieutée d’en bas par tous les gars du village!…
Mais comment sauver maman de la honte et de la folie ?!
Ainsi démarre pour les deux frérots une journée épique et héroïque, avec ange blond et Bon Dieu en personne, chiots à noyer et grenouille à percer, bulldozer et cerbère…

avec
Patrick Azam, Anthony Breurec, Antoine Caubet, Riad Ghami, Pauline Laidet et Françoise Lervy

Scénographie Raymond Sarti - Lumière Marie-Christine Soma - Son Michel Maurer

 

Théâtre de l’Aquarium (Paris), Boulogne Billancourt, Chatenay Malabry, Tours, Châteauroux, Meylan, Saint Etienne, Château Gontier, St Priest, Strasbourg

Coproduction : Le Théâtre de l’Aquarium – compagnie conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication, la Comédie de Caen - CDN de Normandie, le Carré/Scène nationale de Château-Gontier
Avec l’Aide à la création dramatique du Ministère de la Culture et de la Communication – Centre National du Théâtre, et l’aide exceptionnelle de la Direction Générale de la Création Artistique (Ministère de la Culture et de la Communication), Arcadi, Adami. La pièce a reçu le prix des Journées des auteurs de Lyon.

A l'AFFICHE
Téléchargez
Télécharger
Le dossier
tElECHargez le dossier de prEsentation - Le dossier
Edition
Actes Sud/Papiers
Visionnez la bande annonce. - La Bande annonce
tElECHargez la revue de presse - La presse

Lemonde.fr
5 Janvier 2013 - Evelyne Trân    

Y a-t-il un enfant qui n’ait pas été troublé, un jour, en désignant sa mère à ses copains. Dire aux autres « C’est ma mère », c’est reconnaître une personne qui a tout affaire avec soi et c’est dévoiler aussi sa part d’inconnu, celle dont on ne parle pas parce qu’elle fait partie d’un autre monde,  trop intime, pour qu’il puisse s’ébruiter  en vaines paroles.
            Mais tout de même dès lors qu’on accepte de la reconnaître cette mère, pour soi et pour les autres, d’accuser le coup, parler d’elle au passé, parce qu’on est devenu adulte, c’est se garantir au fond de soi que la « chose » est respectable, intouchable. Au passé, rien ne peut la déranger, elle peut devenir une eau forte, n’appartenir qu’à soi, à sa propre vision, en un mot elle ne dépend que de soi.
            Qu’ils soient vivants ou morts, ceux dont on parle c’est déjà au passé, et cette fulgurance du passé au présent, elle se manifeste dans l’émotion. Ces sensations de frottement instable, nous les nions,  les dépassons, la plupart du temps parce qu’elles empiètent sur le bonheur de vivre au présent, censé effacer la douleur.
            Ma mère qui chantait sur un phare, est non seulement le sujet du poème de Gilles Granouillet, mais l’auteur invisible. C’est la vision effarante qu’elle offre à ses enfants qui va ourler leurs propres sentiments d’existence. Cette femme brûle le passé et le présent parce qu’elle met à bas toutes les conventions possibles,  en un seul acte, celui de chanter nue sur un phare.
Du coup, il n’est pas difficile de voir en elle une héroïne de tragédie qui telle Médée, exprime son désespoir d’avoir été quittée et abandonne ses enfants. Livrés à eux-mêmes, ils doivent inventer pour survivre.
            Et cette liberté effarante, ils la doivent à leur mère qui n’en est plus une tout à fait parce qu’elle se révèle comme une personne indépendante d’eux, une femme que  peuvent voir tous les autres.
            Ce passé qui brûle avec le présent, se déroule dans le temps de  l’enfance qui ne fait pas partie de la grammaire.
            La vision de la mère apparait comme une immense vague vue de loin qui éclabousse à l’infini les enfants de l’autre côté sur la berge. Ici et là, les enfants repêchent des indices sur la vie d’adulte, ils les confrontent à leur imaginaire, pour découvrir que la vie est entre leurs mains. Ainsi symboliquement pendant toute la durée de la pièce qui leur donne la parole, l'enfant adolescent trimballe dans un sac plastique 3 chiots qu’il voulait noyer et qu’il ne jettera pas finalement à la mer.
            Les adultes font mouche  de façon souvent pitoyable, dans leur cheminement ; ils bousculent  leurs rêves brutalement, mais leur font signe aussi d’avancer, de poursuivre à côté d’eux des rêves simples de fraternité d’amour,  en actes plutôt qu’en paroles.
 Le temps de  l’enfance n’est pas à proprement parler théâtral. Il possède une intériorité que les adultes occultent nécessairement. Nous avons parfois l’impression d’assister à une lecture de la même façon que des vagues s’ébrouent contre un récif. C’est l’imaginaire qui a force théâtrale faisant du spectateur un auteur à part entière d’un spectacle insoumis à tous les clichés télévisuels, pour revenir au banc de sable de ses premières intuitions, voire ses émotions inavouées.
            Le metteur en scène François Rancillac, pousse cette pièce tel un capitaine  qui pourrait conduire en aveugle son navire tant il est attentif aux bruits de la mer. Et croyez-moi, non ce n’est pas fortuit si mer rime avec mère.
            Elle est profonde cette mer et semble-t-il, elle a intériorisé tant de voix d’enfants qui croient voir à l’horizon, sinon leurs parents, leur propre avenir, qu’elle  est aussi émouvante que cette mère qui chante et chante encore sur un phare.
Se baigner dans la mer nue de notre enfance, pour rejoindre les comédiens qui marchent sur l’eau de nos plus beaux fantasmes, c’est palpitant.  
            Nous remercions toute l’équipe de ce spectacle d’exprimer sous différentes touches, entre fiction et rude réalité, tout le charme qui investit cette belle pièce de Gilles Granouillet.

Jusqu'a la lune... france culture. - Ecouter
LIRE
VOIR
ECOUTER
LIRE

EXTRAITS DE PRESSE

Lemonde.fr - Evelyne Trân    
« Se baigner dans la mer nue de notre enfance, pour rejoindre les comédiens qui marchent sur l’eau de nos plus beaux fantasmes, c’est palpitant. » 
               
L’Humanité - Jean Pierre Leonardini
« Subtilement zébrée d'éclairs lyriques, l'écriture fait la part belle à des sautes d'humeur imprévisibles qui en font tout le prix…Un conte à grandir debout, dont le charme continue d'agir bien après la représentation. »

lesechos.fr - Philippe Chevilly
 « Rondement mené... Le spectacle est joli, sérieux, on passe un délicat moment doux-amer avec ces deux vrais/faux enfants, capitaines courageux, surfant sur les vagues d'un vieux monde perdu. »

Les Trois Coups - Laura Pla
 « Un moment de poésie braconné sur les terres de l’enfance, entre tribulations picaresques et fantaisie, amour et amertume... Et l’on voit tout grâce au talent des comédiens. Leur engagement, la capacité qu’ils ont tous à s’amuser de leur personnage sans jamais les prendre de haut est admirable… C’est humain et drôle. C’est la vie malgré tout ! À découvrir. »
 

La Lettre du Snes - Micheline Rousselet
« La magie du verbe opère et l’on se laisse emporter dans cette épopée, où comme dans un conte le merveilleux n’est jamais bien loin. Les acteurs réussissent avec beaucoup de talent à nous entraîner dans cette fable initiatique où l’on glisse imperceptiblement du réel à l’imaginaire. »

Pariscope  -  Dimitri Denorme
Gilles Granouillet nous offre un merveilleux voyage, fait de rire et d’émotion, au coeur de l’enfance… Les acteurs relèvent le défi haut la main et avec talents... Ne perdez pas une minute pour aller tous les applaudir. Ils le méritent vraiment.

Télérama - Sylviane Bernard-Gresh
« Perte de l'enfance et récit d'initiation. Le texte de Gilles Granouillet porte une poésie, une âpreté sauvage »

Théâtrorama.com
Quel beau spectacle… allez voir « Ma mère qui chantait sur un phare ». C'est une réussite !

Frictions et Lettres Modernes
9 janvier 2013 – Jean Pierre Han
Une œuvre initiatique
En lisant la pièce de Gilles Granouillet que celui-ci lui avait transmis sous pseudonyme, François Rancillac eut, paraît-il, un véritable coup de foudre. On le comprend aisément, Ma mère qui chantait sur un phare, est effectivement un très beau texte, écrit par un authentique poète qui donc ose défier les lois élémentaires du théâtre, une discipline que l'auteur connaît pourtant très bien, pour s'embarquer et nous embarquer sur des terres (et des flots) inconnues. Avec une langue qui semble refuser tout lyrisme, mais qui finit par envoûter grâce à son rythme, son tempo quasiment musical, avec des thèmes qui s'entrecroisent savamment d'une séquence à l'autre, d'une voix à l'autre. Entre dialogue et récit pour narrer le voyage immobile et pourtant très mouvementé de deux jeunes frères encore dans la pré-adolescence, imagination ouverte à tous les vents, entre vie et mort, cette mort partout présente du début à la fin de la pièce. C'est un étonnant cheminement initiatique avec comme point d'horizon la figure de la mère, nue en haut d'un phare flottant, chœur de mâles à ses pieds dans l'espérance d'être choisi par la prêtresse. C'est bien le récit d'une quête intime qui se donnerait parfois des airs d'épopée. L'épopée de Marzeille et Perpignan, les deux jeunes protagonistes principaux, dans sa fausse et terrifiante naïveté rappellerait presque celle des jumeaux du Grand cahier d'Agota Kristof, alors que l'environnement de la pièce évoquerait plutôt l'univers trouble d'un Jean Audureau. Comment en rendre compte théâtralement ? Comment surtout restituer peu ou prou la subtile essence de cette fable que l'auteur qui met parfois en scène ses propres œuvres, s'est bien gardé, cette fois-ci, conscient de tous les dangers qui le guettaient au coin de chacune des respirations de son texte, d'approcher… C'est donc François Rancillac qui connaît bien son écriture pour l'avoir portée à maintes reprises à la scène, qui s'est lancé dans l'aventure de donner corps et chair à la fable. Opération délicate s'il en est, mais dont il se sort parfaitement, avec les qualités que nous lui connaissons depuis toujours : délicatesse et subtilité, rigueur et probité. Dans la belle et astucieuse scénographie de Raymond Sarti qui découvrira l'espace au fur et à mesure de l'avancée de la pièce, François Rancillac lance et dirige ses deux personnages principaux dans le jeu. Car il s'agit bien d'un jeu, ludique et grave tout à la fois, comme celui de la vie. Il faut dès lors adopter un registre d'interprétation particulier, toujours sur le fil du rasoir, d'autant qu'il n'est pas évident pour des adultes d'avoir à assumer des rôles d'enfants sans tomber dans la niaiserie. Les deux comédiens Anthony Breurec et Riad Gahmi qui doivent en outre sans cesse passer d'un registre de jeu à un autre parviennent dans l'ensemble à maintenir le fragile équilibre, alors que le reste de la distribution, Patrick Azam, Antoine Caubet, PaulineLaidet et Françoise Lervy, occupe chacun à sa singulière manière, mais toujours avec rigueur, sa place dans l'orchestre. Cet orchestre auquel nous renvoient les pupitres placés ça et là sur le plateau nous rappelant, si besoin en était, que nous sommes bien devant une œuvre chorale.